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A Bout de Course Je t'aime à te tuer


Indiana Jones et la dernière Croisade


Première N° 151, octobre 1989

Le troisième épisode est le meilleur. A l'action non stop, Spielberg ajoute de grandes rafales d'humour et un Sean Connery époustouflant.

En deux films, Indiana Jones avait déjà vécu tant d'aventures, affronté tant de dangers, déjoué tant de pièges et livré tant de combats qu'on ne voyait pas très bien par quel tour de force il pourrait se surpasser cette fois. Il était clair, l'enjeu de ce troisième épisode : "Indy" devait se montrer à la hauteur de sa réputation sans avoir l'air de s'auto-parodier. Un vrai casse-tête scénaristique qui a été, finalement, brillamment résolu. La dernière croisade du héros est sans doute la meilleure.
Sa nouvelle mission consiste à empêcher les nazis de trouver le Saint-Graal, la coupe dans laquelle le Christ a bu lors de son dernier repas. Comme toujours avec Indiana Jones, l'objectif compte moins que le parcours qu'il va faire pour l'atteindre et l'accumulation des obstacles qu'il aura à surmonter. Mais il doit compter en plus, cette fois, avec l'intrusion dans l'histoire d'un personnage qui va singulièrement compliquer sa tâche: son propre père, le Dr Henry Jones, un éminent archéologue dont la science n'a d'égale que la maladresse et qui, surtout, n'a jamais tenu son fils en haute estime.
L'intrigue, strictement fonctionnelle, est ponctuée d'assez de morceaux de bravoure échevelés pour que le plaisir des retrouvailles soit au rendez-vous. Pourtant, c'est dans les rapports père-fils qu'elle trouve à la fois sa tension et son originalité. Que les fans se rassurent : dans "... La dernière croisade", l'action file un train d'enfer de la première à la dernière seconde. Mais chaque fois qu'"Indy" fait une pause, l'extravagant Dr Jones se charge de maintenir la pression par ses initiatives intempestives. Non seulement le vieux bonhomme excentrique se moque éperdument des problèmes posés à son aventurier de fils mais il continue de le traiter comme un adolescent attardé. Son inconscience face au danger fait le reste. Si l'on ne s'étonne plus de l'habileté hors pair avec laquelle Steven Spielberg sait filmer les scènes d'action pure, on découvre, ici, qu'il a un sens de la comédie tout aussi efficace. Ça fuse, ça crépite, ça pétarade dès que le père et le fils sont face à face. Et quel face-à-face! Harrison Ford n'a jamais été meilleur que dans son "bras de fer" avec l'immense Sean Connery qui réussit là une composition époustouflante d'humour dévastateur.
Mieux qu'une simple suite, "... La dernière croisade" éclaire la légende de l'homme au fouet sous un jour nouveau. En lui donnant un père, les scénaristes ne lui ont pas fait de cadeau mais ils ont, du même coup, mis à nu les ressorts de sa personnalité. Tout se passe comme si, après avoir montré tout ce dont il était capable, ses créateurs avaient voulu donner de la consistance à la légende. Ils ont mis dans le mille. Pas de doute : maintenant, on va le regretter...

JEAN-CLAUDE LOISEAU


Studio N° 31, octobre 1989

Indy avait un père ! Spielberg en pleine forme.

La grosse déception causée par le second Indiana Jones ("Indiana Jones et le temple maudit", 84) avait quelque peu amoindri notre impatience de voir un troisième épisode. On avait tort. Steven Spielberg, conscient de toutes les erreurs du film précédent, a fait très attention à ne pas les répéter, et on retrouve cette fois tous les ingrédients qui avaient fait des "Aventuriers de l'Arche Perdu" (81) une réussite éblouissante : le rythme (frénétique), l'humour, les surprises, la variété des situations, ce mélange très subtil de réalisme et de fantastique, le suspense, tout y est. C'est un film-somme du savoir-faire de Steven Spielberg dans ce créneau, et la démonstration est sidérante. Il a réalisé ce film en étant convaincu que c'était le dernier de la série, il a brûlé toutes ses cartouches d'un coup, il a tout mis, toutes ses envies d'enfant et de cinéaste.
Le deuxième "Indiana Jones" avait révélé que le héros du film, interprété par Harrison Ford, ne pouvait se suffire à lui-même. Son duo avec Karen Allen était l'un des grands atouts du premier épisode, alors que sa partenaire dans le second, déjà oubliée, était traitée comme une sorte d'"Indiana Jones girl" permettant juste d'installer des rapports de comédie et de corser des séquences d'action. C'était un peu mince. Dans ce troisième épisode, Lucas et Spielberg ("Indiana Jones" sont des films faits pour Lucas, écrits avec lui et produits par lui) ont de nouveau placé une "Indiana Jones girl" aux côtés du héros, mais cette fois, ils ont aussi ajouté un troisième personnage, qui est un héros à part entière du film : le père d'Indiana Jones.
Grâce à cette trouvaille, Spielberg trouve l'occasion d'un flash-back de rêve, qui nous montre l'enfance d'Indiana Jones. C'est cette longue séquence, inoubliable, sûrement la plus marquante de toute la série, qui ouvre le film. Dès l'apparition de Sean Connery en papa savant et ?? râleur, on sait que c'est gagné, on y croit, et cela donne à Indiana Jones une épaisseur humaine, une dimension affective dont il était privé jusqu'alors.
Toute sa carrière, tout le passé de Sean Connery en faisaient l'interprète idéal du rôle. Il y a une véritable parenté dans notre imaginaire entre James Bond et Indiana Jones, que l'un soit le père de l'autre relève finalement de l'évidence, et tous les grands rôles qui nous ont fait aimer Sean Connery ces dernières années étaient, curieusement, des rôles de pères spirituels, d'initiateurs, que ce soit dans "Highlander" (86), "Les incorruptibles" (87) ou "Le nom de la rose" (86). Ce personnage d'Henry Jones, c'est un peu l'aboutissement de son parcours dans cet emploi qui a fini par s'imposer à lui, au public, aux cinéastes. Après avoir incarné le héros le plus populaire du cinéma des années 60, le voilà vingt ans plus tard père du héros le plus populaire des années 80. Cette belle histoire d'acteur est sûrement l'un des petits miracles imprévisibles qui font que cet "Indiana Jones" nous touche plus que les précédents. Toute la mécanique propre aux films d'aventures est enrichie, dramatisée, par ce rapport affectif puissant, universel, qui lie un père et un fils.
Le tandem George Lucas-Steven Spielberg, décidément, force l'admiration. Même au sein des règles contraignantes de séries de films construits sur les mêmes héros, ils ont continué à faire preuve d'une capacité d'invention étonnante, unique. Les trois "Star Wars" (77, 80, 83) produits par Lucas et les trois "Indiana Jones", malgré la faiblesse du second, sont d'une qualité très haut de gamme qu'aucune autre série de films, de James Bond à Rocky ou Rambo, n'a jamais approché ni de près ni de loin. Lucas et Spielberg ont donné leurs lettres de noblesse à un genre de cinéma populaire d'où, jusqu'alors, tout génie avait toujours été exclu. Ils ont fait des films à héros, à effets spéciaux et à "suites" en y mettant à chaque fois toutes leurs exigences de fous de cinéma, avec le même soin, la même rigueur, la même passion que Kubrick pour "2001", Coppola pour "Apocalypse" ou Bertolucci pour "Le dernier empereur". Leur succès incroyable, l'estime et le respect qu'ils ont fini par susciter dans toutes les familles de cinéphiles, constituent l'une des aventures de cinéma les plus réjouissantes de ces quinze dernières années.
Les trois derniers films de Steven Spielberg, "Indiana Jones et le temple maudit", "La couleur pourpre" (86) et "Empire du Soleil" (88), n'avaient pas suscité un enthousiasme unanime et Spielberg semblait loin de sa forme de "Rencontres du 3ème type" (77), "Les aventuriers de l'Arche perdue" (81) ou "E.T." (82). Avec cet "Indiana Jones et la dernière croisade" bourré de trouvailles, de charme et de magie, on est rassuré : Spielberg est toujours aussi grand.

MARC ESPOSITO


"River was a sensitive. He had so much compassion for everyone and everything that he had a weight on his heart." ("River était un sensitif. Il avait tant de compassion pour tout et tout le monde qu'il avait un poids sur le coeur") -- Samantha Mathis

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