Filmographie

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Stand By Me A Bout de Course


Mosquito Coast


Première N° 119, février 1987

C'est le genre d'endroit où seuls les aventuriers et les missionnaires ont envie d'aller se perdre. Sur la Côte des moustiques, comme son nom l'indique, la nature est hostile, et l'on ne s'y aventure qu'à ses risques et périls. C'est là, pourtant, dans ce coin de jungle oublié, qu'Allie Fox (Harrison Ford) a trouvé le paradis. Son paradis.
L'Amérique, il a décidé de la fuir, et avec elle les influences destructrices du monde moderne. C'est un idéaliste, Allie, qui hait les compromissions. Il croit pouvoir « améliorer et terminer le travail de Jésus-Christ sur terre ». Sur le terrain qu'il s'est choisi, vierge de toute onde négative, il va accomplir son destin : construire une vie nouvelle, bâtir un village idéal avec sa femme (Helen Mirren) et ses quatre enfants dont Charlie (River Phoenix) à travers qui cette odyssée nous est racontée.
L'histoire, adaptée par Paul Schrader du best-seller de Paul Théroux, dépasse et de loin la simple fable écologiste. C'est que le héros est hors-normes. Inventeur d'une machine à fabriquer de la glace, il rêve d'apporter la richesse du froid dans la chaleur équatoriale. L'utopie a ses limites. Avec l'arrivée de trois bandits, tout bascule, tout brûle, tout disparaît, se volatilise... La traque du bonheur va tourner court et déboucher sur une terrifiante lutte pour la survie.
Peter Weir a l'art de brouiller les pistes. Il lance son héros sur les chemins de l'aventure, mais celle-ci n'est pas ce que l'on croyait. A mesure que la famille d'Allie découvre la réalité derrière le rêve, on s'enfonce dans une sorte de science-fiction mentale. Le héros s'effondre à mi-chemin, perd le contrôle de lui-même et s'enferme dans son projet fou jusqu'à l'absurde. Jusqu'à devenir le dictateur de sa propre famille. C'est à la fois subtil et dérangeant. Dans le tourbillon ce sont les fondements mêmes de l'amour, de la religion et de la famille qui vacillent.
Au cœur de ce pari, car c'en était un de bousculer ainsi les règles d'un genre bien établi, il y a la performance d'Harrison Ford. Avec sa ridicule chemisette de touriste, ses petites lunettes et ses airs illuminés, il casse radicalement tous les stéréotypes dans lesquels on pensait pouvoir l'enfermer. Il efface jusqu'au souvenir des personnages qui ont fait sa gloire. Et il en sort grandi. Il émeut, il fait peur. Il habite le film, et lui donne sa vraie dimension. Il fallait, face au "monstre", une distribution à l'unisson. En mère chaleureuse et épouse soumise, Helen Mirren est parfaite. Les enfants, des anges qui découvrent "le diable" dans leur père, renforcent la cohérence de l'ensemble.
Tourné en décors naturels somptueux (à Bélize, un petit pays d'Amérique centrale), avec un réalisme proche du documentaire (on laisse les images nous parler et les hommes s'exprimer), "Mosquito Coast", une histoire étrange dans un pays étrange, est un grand voyage ailleurs. Mais on ne s'y embarque pas en promeneur. On oublie vite les charmes du paradis. Il y a des turbulences, car Peter Weir ne cesse de poser des questions. Et on sort hanté par toutes les réponses possibles.
ANTOINETTE BOULAT


Starfix N° 45, février 1987

Inventeur de génie, visionnaire dégoûté par ce qu'est devenue l'Amérique - à savoir un gigantesque supermarché sans âme, un dépotoir -, Allie Fox (Harrison Ford) décide un beau jour de fuir vers l'ailleurs dont il rêve. Direction : le Honduras, gigantesque jungle où il pourra bâtir un monde à son image. Fox, avec l'aide de sa famille, construit donc une ville, à partir de rien, et suscite la vénération des « bons sauvages" émerveillés. Mais, le rêve tournera au cauchemar surréaliste avec la destruction de son œuvre, provoquée par l'invasion d'une poignée de mercenaires édentés... Mosquito Coast est le prototype du film inclassable, à la croisée des genres tout comme l'étaient les précédents films de Peter Weir, Witness, Gallipoli, Picnic à Hanging Rock.
Film d'aventures à la John Huston, authentique visite guidée d'une terre inconnue qui dérape vers le fantastique de par les rapports bizarroïdes entretenus entre les personnages et les inventions folles de Fox (frigo géant posé comme un totem en pleine jungle), film onirique, pamphlet humanitaire, tournage en dérision de la religion à travers le personnage du pasteur hystérique et médiatisé...
Désintégrée par la folie qui envahit le Père, la famille Fox s'unit une dernière fois face à la mort, inéluctable, avant de retourner vers la Civilisation et ses méfaits bienfaisants.
Mosquito Coast, encensé par la critique US, passera-t-il le barrage européen ? Espérons et prions.

BERNARD LEHOUX


Studio N° 1, mars 1987

Qu'est-ce qui a la plus intéressé Peter Weir quand il a choisi d'adapter à l'écran le livre de Paul Théroux, "La côte des moustiques" ? Le portrait de cet inventeur bizarroïde et génial, aussi illuminé qu'un prêcheur de jardin public ? Les aventures qu'on ne peut que rencontrer lorsqu'on quitte, avec femme et enfants, son Amérique natale pour une terre inconnue et soi-disant vierge ? La fable moralisatrice sur notre société d'hyper consommation contre laquelle, quoiqu'on fasse, les utopies viennent toujours se fracasser ? Sans doute tout cela à la fois.
Mais au lieu d'en faire la richesse, c'est justement ce qui fait le défaut du film. Tout occupé à construire, avec tous ces éléments-là, une mécanique qui fonctionne, Peter Weir a laissé de côté ce qui était sa griffe : ce sens du mystère, de l'allusion et des demi-teintes qui donnait à ses films un mélange d'intensité et de force insidieuse.
Certes, on retrouve toujours les préoccupations du réalisateur de "La dernière vague et de "Witness" : le choc des cultures et la nostalgie d'une innocence à jamais enfuie. Mais on dirait qu'il a voulu, pour une fois, être réellement efficace, immédiatement. Et du coup, il est devenu trop simple Son récit a des allures de bande dessinée et son héros, chemisette à fleurs de touriste et lunettes d'intello, manque de nuances. Il est pourtant bien confronté à des événements de plus en plus dramatiques mais lui ne change pas. Ou en tout cas, pas assez. Il est ainsi aussi fou au début du film qu'à ses derniers instants. Ce n'est pas le talent ni la force de conviction d'Harrison Ford qui sont ici en cause, mais surtout le scénario. Il ne faudrait pas non plus que ce film paye trop chèrement l'attente qu'il avait suscitée en nous.
Car si l'on n'en espère pas davantage, c'est un voyage qui est quand même loin d'être déplaisant. Et il y a, en prime, quelques jolies séquences inattendues et de superbes images de Belize...

JEAN-PIERRE LAVOIGNAT


"River was a sensitive. He had so much compassion for everyone and everything that he had a weight on his heart." ("River était un sensitif. Il avait tant de compassion pour tout et tout le monde qu'il avait un poids sur le coeur") -- Samantha Mathis

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