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Je t'aime à te tuer
Studio N° 40, juin 1990
Un Kasdan mineur, mais bien joué
Parce que "La fièvre au corps" (81) était un film torride, parce que "Les copains d'abord" (83) est devenu un film-culte, parce que "Silverado" (85) revisitait le mythe du western avec un humour décapant, Lawrence Kasdan est devenu l'un de ces cinéastes dont on attend chaque film avec impatience. Impatience légèrement déçue avec "Voyageur malgré lui" (89) où Kasdan avait un peu oublié de sa science du rythme. Impatience encore mal récompensée avec ce "Je t'aime à te tuer", dont le rythme peu soutenu est dû, cette fois-ci, à des manques dans le scénario, que, pour la première fois, Kasdan n'a pas écrit lui-même.
Bien sûr, c'était tentant. Tirée d'un fait divers authentique, elle est hallucinante, cette histoire de meurtre raté, perpétré par six personnes différentes, en plusieurs jours, sur un mari volage à la constitution extraordinairement robuste. Celui-ci, pizzaiolo italo-américain (Kevin Kline), marié à une brave Américano-yougoslave (Tracey Ullman), partage son temps entre ses fourneaux et quelques belles étudiantes. Mise fortuitement au courant de son infortune, et poussée par une maman revancharde (Joan Plowright), l'épouse outragée va essayer les somnifères, la batte de base-ball, le revolver et des tueurs à gages pour venger son honneur.
Presqu'entièrement située à l'intérieur de la maison familiale, l'intrigue s'essouffle assez vite, défaut impardonnable pour une comédie. Mais Kasdan a toujours su s'entourer d'une bande d'acteurs formidables. Ici, ils sauvent plus d'une fois la situation. Kevin Kline est étonnant en rital indestructible, William Hurt et Keanu Reeves hilarants en tueurs camés, Joan Plowright (Miss Laurence Olivier) fabuleuse en mamie terroriste... C'est pour eux qu'il faut voir ce film, qui restera comme un film mineur dans la carrière de Lawrence Kasdan.
CATHERINE WIMPHEN
Première N° 160, juillet 1990
Vous savez, vous, ce que c'est qu'aimer? Pour Rosalie Boca (Tracey Ullman), c'est servir son Italien de mari, Joey (Kevin Kline). Ce dernier est un coureur impénitent, toujours prêt à aller régler les problèmes de plomberie de ses "voisines" après la fermeture de sa pizzeria. Devo (River Phoenix), un ami serveur, a beau expliquer à Rosalie que Joey ne pétrit pas que la pâte à pizza, elle n'en croit rien. Jusqu'au jour où elle surprend Joey avec une autre. Premier réflexe : le suicide. Trop facile. C'est à l'époux volage de payer. Rosalie, sa diablesse de mère (Joan Plowright), Devo et un tandem de tueurs improvisés vont s'y employer...
Vu l'ambiance, Lawrence Kasdan a voulu ou s'essayer à la comédie corrosive, ou faire un hit fructueux, façon "Un poisson nommé Wanda", la référence imposante (imposée?). Il est quand même étonnant que ce scénariste ("Les aventuriers de l'Arche perdue", "Le retour du Jedi"...) devenu cinéaste ("La fièvre au corps"...) n'ait pas touché ce script, inspiré d'une histoire vraie. Mais d'autres ont fait des films de commande avec succès. Ce qui n'est pas loin d'être le cas ici. Même si, passée la séquence d'ouverture, hilarante, Kasdan met trente minutes à planter le décor et se contente de filmer le tout comme une pièce de théâtre.
Lorsque, enfin, on attaque le plat de résistance: les spaghettis aux somnifères..., là, ça tache! Grâce aux comédiens, exceptionnels, c'est du délire à cinq contre un. Bizarrement, c'est Tracey Ullman, pourtant comique télé célèbre et chanteuse rigolote, la plus sage du lot. Par contre, Kevin Kline, très en jambes, sent le parmesan tellement il charge, pour rire, Joey-le-Rital: accent "O sole mio", cheveux noir jais, torse velu, pantalon révélateur, casquette vert-blanc-rouge... tout y est! Même les préservatifs dans sa boîte à outils de "plombier"...
Dans le genre chargé, les deux tueurs amateurs plafonnent! C'est à William Hurt, méconnaissable, et Keanu Reeves que reviennent ces rôles d'allumés dans lesquels ils brillent. River Phoenix, lui aussi, s'en paye une tranche, en mystique amoureux transi de la pauvre Rosalie. Manque, pour compléter la famille "timbrée", la belle-mère. Bonne pioche: c'est Joan Plowright! Cette pure actrice shakespearienne fait péter le compteur avec ses jurons yougoslaves et sa détermination à débarrasser sa fille de son gendre, tout en négociant un rabais auprès des assassins...
Heureusement pour nous, Joey a la peau dure. Car de tentatives en ratages, les limites de cette loufoquerie meurtrière sont repoussées. Jusqu'à ce que la morale ait le dessus. Ce qui n'est pas le moins drôle... Il est décidément dommage que la mise en scène ne déjante pas l'unisson. Pour un peu, on serait morts de rire!
P.F.
"River was a sensitive. He had so much compassion for everyone and
everything that he had a weight on his heart." ("River était un sensitif. Il avait tant de
compassion pour tout et tout le monde qu'il avait un poids sur le coeur") -- Samantha Mathis